Les consignes du Metteur en scène
Metteur en scène de la compagnie Pawòl a Nèg Soubarou, fondée en août 1985 et basée à Saint François en Guadeloupe, Harry Kancel représente cette force tranquille de l’artiste qui se fait discret pour mieux révéler ses comédiens. Un parcours qui l’a mené jusqu’au prestigieux Festival d’Avignon.

Échauffements VOIX
Un rayonnement international
Quand on évoque Harry Kancel, impossible de passer sous silence son passage au Festival d’Avignon, notamment avec “Le Costume” de Mothobi Mutloatse qu’il a adapté et mis en scène. Présenter une pièce à Avignon, c’est rejoindre des créateurs reconnus, c’est porter la voix du théâtre caribéen sur l’une des scènes les plus exigeantes au monde. Pour Harry Kancel, ce fut une consécration discrète mais éclatante.

Festival d’Avignon “Le Costume” Mise en scène par Harry KANCEL
Mais cette reconnaissance n’a rien changé à l’homme. Il est resté ce metteur en scène rigoureux qui, du Festival d’Avignon aux salles de répétition de Guadeloupe et d’ailleurs, maintient la même exigence.
Au cœur de la création pour le BAC
La parole à ceux qui le connaissent le mieux
Pour comprendre qui est vraiment Harry Kancel, mieux vaut écouter ceux qui travaillent avec lui au quotidien. Les élèves de terminale du lycée Yves Leborgne se sont exprimés à son sujet.

Le souci du détail
« Monsieur Kancel est un metteur en scène patient, à l’écoute et déterminé à obtenir la scène parfaite. Il nous pousse à progresser et à maîtriser pleinement l’art du théâtre. » Derby, TG1

Harry précise les postures des comédiens
« Harry est un excellent metteur en scène : il trouve toujours des solutions, écoute, conseille et nous guide vers une pièce réussie. » Léa, TG1
Théâtre, musique et danse
« Ses conseils précis et réfléchis montrent à quel point il prend son travail au sérieux et s’investit pleinement. » Insya, TG1
“Harry est un super metteur en scène, il sait comment nous mettre à l’aise et nous donner de bons conseils. Les cours avec lui sont géniaux, il a le sens du détail.” – Lili, TG1
“Aussi bon pédagogue que metteur en scène, il est patient et sait comment se faire comprendre.” – Meidi, TG1
La précision comme art de vivre
Ces témoignages convergent tous vers une même réalité : Harry Kancel est un homme précis qui fait répéter et reprendre encore et encore. Cette répétition inlassable pourrait décourager. Mais voilà la magie : les élèves s’y habituent et l’acceptent petit à petit.
Exigence et bienveillance : voilà son secret. On répète, on reprend, on recommence, mais jamais dans la tension ou le malaise. Au contraire, cette exigence devient un rituel presque affectueux, une marque de l’attention qu’il porte à chacun. Comme le souligne Insya, c’est précisément cette attention au détail qui prouve qu’il se donne à fond.
Ce “sens du détail” évoqué par Lili n’est pas une manie, c’est sa façon de concevoir le théâtre. Chaque geste compte, chaque intonation porte un sens, chaque silence parle. Et comme le rappelle Léa, il trouve toujours les solutions, guidant ses comédiens “sur le bon chemin d’une pièce réussie.”
Un pédagogue d’exception
Un anachronisme assumé
La double compétence qu’évoque Meidi – “aussi bon pédagogue que metteur en scène” – fait toute la différence. À travers l’école de théâtre qu’il dirige au sein de la compagnie « Pawol a neg Soubarou» Harry Kancel ne forme pas simplement des comédiens, il construit des artistes complets, casse la routine, les codes et les conventions.
Sa facilité à mettre les personnes à l’aise, relevée par Lili, est essentielle au théâtre. “Il sait comment nous parler”, résume Léa. Grâce à son habileté à gérer les relations et ses compétences, Il crée un cadre où le travail demandé donne envie d’avancer sans stress.
PHOTO 5 : On répète, on reprend, on recommence, et on en rit après.

Derby le dit sans détour : “Il veut seulement qu’on progresse et qu’on maîtrise l’art du théâtre à la perfection.” Cette volonté de faire grandir les élèves, c’est précisément ce qui anime Harry Kancel depuis longtemps. Son écoute parfaite, soulignée à la fois par Derby et Léa, permet à chaque élève de se sentir entendu et accompagné même si ce n’est pas toujours facile de refaire encore et encore.
Un ambassadeur de la culture caribéenne ouvert sur l’universel.
Pawòl a Nèg Soubarou porte la parole de ceux qu’on a longtemps méprisés. Sous la direction d’Harry Kancel, cette parole devient force, fierté, création. En montant Jean-Louis, un nègre pièce d’Inde, les textes de Rupaire, ou Max Jeanne, Harry affirme son ancrage profond dans la mémoire guadeloupéenne. Cet enracinement va de pair avec les travaux qu’il poursuit avec les lycéens sur Antigone d’Anouilh ou Tous des oiseaux de Wajdi Mouawad. Ce sont les mêmes interrogations essentielles : la dignité, la révolte, l’héritage, l’identité, la violence du monde et ce qu’on choisit d’en faire. Harry va là où la parole humaine se tend, se heurte et se soulève.
Le mot de la fin
“Il y a vraiment pas meilleur que lui !” s’exclame Derby. Cette affirmation résonne comme une évidence quand on mesure le chemin parcouru : du petit théâtre de Saint-François en passant par le Festival d’Avignon. De la transmission aux jeunes générations à la reconnaissance internationale, Harry Kancel a bâti une œuvre discrète mais monumentale.
Dans un milieu où l’on aime parfois briller sous les projecteurs, Harry Kancel préfère la discrétion du travail au plateau. Son efficacité n’est jamais dans la démonstration mais dans l’écoute et dans l’exigence bienveillante qui pousse chacun à se dépasser.
Harry Kancel a gravé son nom dans l’histoire culturelle de la Guadeloupe et au-delà. Il nous rappelle que les plus grandes voix ne sont pas toujours les plus bruyantes, et que l’art véritable se mesure à ce qu’il transmet autant qu’à ce qu’il crée.
Harry KANCEL : Exigence, mystère et discrétion
